Département de Philosophie

Faculté de lettres, Université de Genève

Notes

(1)
Nous reviendrons sur ces notions de manière plus détaillée dans la sct. 14.2.
(2)
J'utilise "w |= p", comme en logique modale, pour dire que p est vrai dans le monde w. Certains auteurs, par ex. Mulligan et al. (1984), l'utilisent également pour désigner la relation de vérifaction (dont nous parlerons au ch. 5) ou font, comme Prior (1969), une distinction entre 'être vrai dans un monde' (être rendu vrai par quelque chose dans ce monde) et 'être vrai d'un monde' ("|= ", décrire correctement un monde).
(3)
Plus précisément, nous pouvons distinguer trois types de motivation pour le réalisme modal: (i) la quantification sur les mondes possibles nous oblige à accepter leur existence (d'après le critère d'engagement ontologique de Quine dont on discutera la prochaine semaine) - si nous pouvons démontrer (ce que Lewis (1986a) essaie de faire) que toutes les théories non-réalistes (Lewis les appelle 'ersatzistes') sur la nature des mondes sont défectueuses, nous avons un argument pour le réalisme; (ii) le problème de l'identité trans-mondaine et le problème associé des propriétés intrinsèques contingentes; (iii) l'utilité des mondes possibles pour les analyses de la causalité, des lois naturelles, des contrefactuels, du contenu, des propriétés, de la fiction - si nos meilleures théories en philosophie présupposent l'existence de mondes possibles réalistes, dit Lewis, nous avons une raison de croire à leur existence tout comme l'utilité des mathématiques dans les sciences naturelles nous donne une raison de croire à l'existence des entités mathématiques (nombres, ensembles).
(4)
Nous discuterons de cette conception 'flexible' des essences dans la sct. 15.2 du ch. 15.
(5)
A condition, du moins, que nous formalisions les inférences comme
 Britney a perdu sa viginité
 
 x(Britney a perdu x)
Cependant, la manière de formaliser la deuxième inférence pour la rendre valide dans la logique des prédicats standard n'est pas claire:
 On peut faire des pâtes à la Bolognese.
 On peut faire des pâtes à la Carbonara.
 On peut faire des pâtes à la Cinque P.
 
 x, y, z (x, y et z sont des manières de faire des pâtes xyxzyz)
(6)
Cf.: "Where indeterminacy of translation applies, there is no real question of right choice; there is no fact of the matter even to within the acknowledged under-determination of a theory of nature." (Quine 1968: 275)
(7)
Sous l'influence de la critique de Davidson (1974) qui défendait que l'on peut parler d'une relativité de l'ontologie uniquement en présupposant une ontologie non-relative dans la théorie d'arrière-plan, Quine a plus tard affaibli cette thèse: "Et l'inscrutabilité ou la relativité s"étend-t-elle aussi d'une certaine manière au home-language? Dans "Ontological relativity" j'ai dit que oui, puisque le 'home language" peut être traduit à l'intérieur de lui-même par permutations qui sortent matériellement de la simple transformation d'identité, comme les proxy functions le montrent. Mais si nous choisissons comme manuel de traduction la transformation identique, et prenons alors le langage at face value, la relativité est résolue. La référence est alors expliquée dans des paradigmes analogues au paradigme de la vérité de Tarski ; alors "lapin" dénote les lapins, quoi qu'ils puissent être, et "Boston" désigne Boston." (Quine 1990: 6, je souligne) Davidson (1979) accepte l'inscrutabilité de la référence et l'indétermination de la traduction, mais nie qu'il s'ensuit une relativité de l'ontologie: dans une situation de traduction radicale, un principe de charité nous oblige à projeter notre appareil quantificiationnel sur la langue interprétée; ce faisant, nous projetons également notre ontologie. Non seulement la notion de référence absolue est un non-sens, mais également la notion de référence relative. L'argument en faveur de cette thèse applique l'inscrutabilité de la référence à l'interprète du mot "référence" utilisé par celui qui constate qu'il y a plusieurs manuels de traduction. Parce qu'il ne peut pas attribuer une référence unique à "référence", il n'y a pas de distinction à faire entre les divers manuels de traductions (les différentes traductions de "référence"). La thèse de la relativité de l'ontologie est donc elle-même sans contenu empirique: "La relativité ontologique ne s'ensuit pas, puisqu'elle suggère que, lorsque suffisamment de décisions arbitraires ou autres ont été prises, la référence unique est possible, contrairement à ce que disent nos arguments en faveur de l'inscrutabilité de la référence." (Davidson 1993: 338-339)
(8)
Même si c'est habituellement le nom de Putnam qui est lié à cet argument, on peut le trouver chez Newman (1928: 142) contre l'affirmation de Russell que "of the external world we know its structure and nothing more". Newman (1928: 144) a répondu que "any collection of things can be organised so as to have the structure W, provided there are the right number of them", à quoi Russell a répondu dans une lettre d'avril 24, 1928:
"It is of course obvious (...) that the only effective assertion about the physical world involved in saying that it is susceptible to such and such a structure is an assertion about its cardinal number. (...) It was quite clear to me, as I read your article, that I had not really intended to say what in fact I did say, that nothing is known about the physical world except its structure. I had always assumed spatio-temporal continuity with the world of percepts, that is to say, I had assumed that there might be co-punctuality between percepts and non-percepts...(...) And co-punctuality I regarded as a relation which might exist among percepts and is itself perceptible." (Russell 1968: 176), cité d'après Demopoulos et Friedman (1985: 631-632))
Russell est donc d'accord avec Newman que nous devons présupposer que nous sommes en un contact 'direct' avec le monde, une conclusion très proche de celle que Lewis a tiré du paradoxe de Putnam (cf. ci-dessous).
(9)
Je traduis par "modèle visé" l'expression "intended model", qui désigne le modèle (la structure) que la théorie est censée décrire. Pour l'arithmétique, par exemple, le modèle visé serait les nombres naturels.
(10)
(Cf. e.g. Pap 1959; Putnam 1969; Jackson 1977; Goldstein 1983). Armstrong (1978a: 58-63) l'a d'abord considéré comme un "argument subsidiaire" pour l'existence de propriétés et l'a ensuite critiqué.
(11)
Il est difficile de donner une définition de ce qu'est un prédicat sortal. On peut tout au moins dire qu'il s'agit d'un prédicat qui permet de compter ses exemplifications ("un pingouin, deux pingouins, etc." et non "un neige, deux neiges, etc.") et qui détermine sa 'catégorie ontologique' comme celle d'une substance (ce qui exclut "x est une chose", par ex.).
(12)
Plus formellement, on dit qu'une fonction f : IJ est injective si chaque élément de f(I) est l'image d'un seul élément de I. Autrement dit, f est injective si et seulement si: f(x) = f(y) → x = y. L'injectivité d'une fonction se traduit également par le fait que tout élément de J admet tout au plus un antécédent par f dans I. On dit qu'une fonction f : IJ est surjective si f(I) = J, autrement dit, si tout élément de J est l'image par f d'au moins un élément de I. On dit qu'une fonction f : IJ est bijective si elle est à la fois injective et surjective.
(13)
"Loi de Leibniz" est parfois utilisé pour le principe de l'identité d'indiscernables (II), discuté ci-dessous, parfois pour la conjonction de (LL) et (II).
(14)
Nous appelons "conversion" le principe que p → q |- ¬q → ¬p.
(15)
Il faudrait de toute manière aussi ajouter un axiome qui le contraint à être réflexif: ∀ x (x = x).
(16)
L'opacité d'un contexte n'est pas toujours évidente: la non-substituabilité de "Clark Kent" et "Superman" et de "Phosphorus" et "Hesperus" nous motive par exemple à considérer "x est préféré par Lois Lane à Clark Kent" et "Il est informatif d'affirmer que x est identique à Hesperus" comme opaques, même s'ils nous informent sur ce qui est le cas.
(17)
Dans ce qui suit et dans ce qui précède, je suis l'excellente discussion de Hawthorne (2003).
(18)
Nous reviendrons aux haeccéités à la page 28 et dans la sct. 6.3, où elles sont définies comme des propriétés qui distinguent a de toute autre chose, même d'une contre-partie exactement similiaire à a.
(19)
Un argument similaire se trouve dans Kripke (1980) et dans Wiggins (2001).
(20)
Par "paradoxe", je veux dire un argument partant de prémisses plausibles pour aboutir à une conclusion non plausible: "This is what I understand by a paradox: an apparently unacceptable conclusion derived by apparently acceptable reasoning from apparently acceptable premises." (Sainsbury 1995: 1); "...a paradox is just any conclusion that at first sounds absurd but has an argument to sustain it." (Quine 1962: 1)
(21)
Voici une dérivation plus détaillée:
  1. Le Menteur est ou bien vrai ou bien faux.
  2. Si le Menteur est vrai, alors il est vrai que le Menteur est faux.
  3. Si le Menteur est vrai, alors le Menteur est faux.
  4. Si le Menteur est faux, alors il est vrai que le Menteur est faux.
  5. Si le Menteur est faux, alors le Menteur est vrai.
  6. Donc, le Menteur est vrai ssi le Menteur est faux.
(22)
Voici comment déduire une contradiction de (RM):
  1. Le Menteur Renforcé est ou bien vrai ou bien il ne l'est pas.
  2. Si le Menteur Renforcé est vrai, alors il est vrai que le Menteur Renforcé n'est pas vrai.
  3. Si le Menteur Renforcé est vrai, alors le Menteur Renforcé n'est pas vrai.
  4. Si le Menteur Renforcé n'est pas vrai, alors il est vrai que le Menteur Renforcé n'est pas vrai.
  5. Si le Menteur Renforcé n'est pas vrai, alors le Menteur Renforcé est vrai.
  6. Donc, le Menteur Renforcé est vrai ssi le Menteur Renforcé n'est pas vrai.
(23)
Voici une liste de paradoxes proches du Menteur:
  1. Les paradoxes mathématiques:
    1. Le paradoxe de Cantor: il n'y a pas d'ensemble de tous les ensembles.
    2. Le paradoxe de Russell: il n'y a pas d'ensembles de tous les ensembles qui ne se contiennent pas eux-mêmes.
    3. Le paradoxe de Burali-Forti: il n'y a pas de nombre ordinal maximal.
    4. Le paradoxe de Mirimanoff: il n'y a pas d'ensemble de tous les ensembles bien fondé
  2. Les paradoxes sémantiques impliquant définissabilité:
    1. Le paradoxe de König: "Le nombre ordinaire indéfinissable minimal" définit le nombre ordinaire indéfinissable minimal.
    2. Le paradoxe de Berry: "Le nombre naturel minimal qui ne soit pas définissable en moins de 15 mots" est définissable en moins de 15 mots.
    3. Le paradoxe de Richard: Si D désigne une liste complète de tous les nombres réels entre 0 et 1 qui sont désignés par des expressions françaises, alors "le nombre réel entre 0 et 1 qui a un 0 à la nième place si le nième nombre dans D y a un 1 et a un 1 à la nième place autrement" désigne et ne désigne pas un nombre dans D.
  3. Les paradoxes sémantiques qui n'impliquent pas définissabilité:
    1. Le paradoxe du menteur: "Je suis faux" est vrai et faux.
    2. Le paradoxe du savoir: "Je suis connu" peut et ne peut pas être connu.
    3. Le paradoxe de Grelling: le prédicat "hétérologique" (= ne se satisfait pas lui-même) se satisfait et ne se satisfait pas lui-même.
(24)
Davidson pensait aussi que Tarski lui-même devait présupposer un tel concept de vérité: "I think that Tarski was not trying to define the concept of truth - so much is obvious - but that he was employing that concept to characterize the semantic structures of specific languages. But Tarski did not indicate how we can in general reduce the concept of truth to other more basic concepts, nor how to eliminate the English predicate "is true" from all contexts in which it is inelligibly applied to sentences. Convention-T [(T)] is not a rough substitute for a general definition: it is part of a successful attempt to persuade us that his formal definitions apply our single pretheoretical concept of truth to certain languages." (Davidson 1996: 269-270)
(25)
Cela ne veut pas dire qu'être vrai est une relation: "x est vrai" est un prédicat à une variable libre, mais, d'après cette conception, ce prédicat est équivalent à "x est rendu vrai par quelque chose", prédicat qui lui aussi ne contient qu'une seule variable libre.
(26)
La forme exacte de ces problèmes dépendra en particulier de la manière dont on comprend la survenance. Presque toutes les explications de cette notion rendent la survenance symétrique - par contre, nous ne voulons (devons) pas dire que les vérités sont des faiseuses d'existence.
(27)
J'utilise "w |= p" pour "il est vrai dans le monde possible w que p" ou encore "si w était le monde actuel, alors il serait vrai que p". Si on admet la possibilité que certaines phrases manquent de valeur de vérité dans certains mondes (par ex. des mondes où des mots qu'elles contiennent n'ont pas de référents), il faut distinguer entre "il est faux dans le monde w que p" (exprimé par "w |= ¬p") et "il n'est pas vrai dans le monde w que p" (exprimé par "¬(w |= p)"). Prior (1969) fait cette distinction en termes de "vérité de" et "vérité dans". Pour que la phrase "p" soit fausse dans un monde ("w |= ¬p"), il faut un falsi-facteur; pour que "p" ne soit pas vraie d'un monde, l'absence d'un vérificateur suffit.
(28)
L'haecceitas d'un objet est son individualité non-modifiable, ce qui le distingue de chaque autre objet - même si cet autre objet est indiscernable du premier. Nous reviendrons sur le problème de haeccéités dans la théorie des vérifacteurs à la sct. 6.3.
(29)
Armstrong appelle une relation "interne" ssi. elle obtient entre ses termes par nécessité: R est une relation interne entre a et b ss'il est nécessaire que si a et b existent alors aRb. Nous rencontrerons plus tard (à la p. 48 dans la sct. 8.1) une définition plus standard de ce terme.
(30)
"Whether we need a property of contingency in re, a special categorial property of the truthmaker, is a difficult question of metaphysics that I trust need not be entered into here. {...} But, however one resolves that matter, it is difficult to quarrel with the idea that any truthmaker for p is also the truthmaker for <p is contingent>." (Armstrong 2003: 15) Armstrong (2004b: 111) dit simplement: "Given that {e} is contingent, it necessitates the possibility of p." Armstrong (2005: 272) présente un raisonnement semblable à un argument transcendental: "If {e} is the only minimal truthmaker that p has, then the possible non-existence of {e} must be reflected at the level of phrases by it not being the case that p is true. Hence {e} will be a truthmaker for <it is possible that not-p>, which is what is being argued for." Mais cela présuppose que e est le seul vérifacteur possible pour p, ce qui n'est souvent pas le cas.
(31)
Lewis (1986a: 62) appelle une relation interne "intrinsèque à ses termes" (cf. aussi Lewis 1983b: 26, n. 16)). Armstrong appelle une relation "interne" ssi. elle obtient entre ses termes par nécessité: R est une relation interne entre a et b ss'il est nécessaire que si a et b existent alors aRb. Nous reviendrons sur cette notion plus tard (à la p. 48 dans la sct. 8.1).
(32)
Cf. Armstrong (2000: 155), (2002a: 32), (2002b: 494-496), (2003: 13) et (2004b: 10-11).
(33)
(Res) ne veut pas dire, par exemple, que toute chose rouge est plus similaire à n'importe quelle chose jaune qu'à n'importe quelle chose verte - il est parfaitement compatible avec la vérité de (Res) que les choses rouges et vertes (mais pas les choses rouges et jaunes) se ressemblent beaucoup sous d'autres aspects que leur couleur (cf. p. 14).
(34)
Campbell (1990: 59) a bien formulé le renversement de l'ordre explicatif des nominalistes de la ressemblance: "Resembling b, c, ...will not make you solid unless at least some of them are already, intrinsically solid."
(35)
"...the Resemblance Nominalist invokes objective, ontological, primitive, reflexive, symmetrical, and non-transitive facts of no more than two entities, that may or may not exist at the same time, resembling to a greater or lesser degree" (Rodríguez-Pereyra 2002: 62)
(36)
"...resemblance is not a sparse relation. Thus resemblance is not a relation whose existence in general - as opposed to its holding between specific pairs of particulars - is discovered a posteriori by natural science, as the sparse relations we must account for are. Rather resemblance is recognised a priori as a necessary accompaniment to any such relation, as to any such property." (Rodríguez-Pereyra 2002: 63)
(37)
Une propriété ou relation est parfaitement naturelle si elle est 'fondamentale' au plus grand degré (et plus ou moins naturelle si elle est fondamentale à des degrés moins élevés), si elle décrit le monde comme il est en soi, si elle marque une ressemblance objective forte. Les propriétés et relations naturelles sont celles qui doivent être mentionnées dans une description correcte et complète du monde.
(38)
Dunn (1990a: 203, n. 6) mentionne être tel que Socrate est sage comme propriété intrinsèque de Socrate, mais pas de Platon. Marshall et Parsons (2001: 349, n. 2) disent qu'être tel qu'il y a des cubes est intrinsèque pour des cubes mais pas pour d'autres objets. Sider (1996: 3) dit qu'être soit vert, soit à une distance de 10 m de quelque chose de rouge est une propriété intrinsèque d'objets verts (seulement)(cf. aussi Weatherson 2002).
(39)
Être tel qu'il y a une sphère, par exemple, est intrinsèque aux sphères, mais n'est pas intrinsèque tout court (Marshall et Parsons 2001: 349, n. 2).
(40)
PREUVE: Soit P une propriété intrinsèque pour a. Si ¬P distinguait entre des duplicata de a, alors il y aurait deux duplicata de a, b tel que Pb et c tel que ¬Pc. Alors P ne serait pas intrinsèque pour a. Si deux duplicata de a différaient en PQ (ou en PQ), ils différaient soit en P soit en Q, ce qui est impossible si P et Q sont intrinsèques pour a.
(41)
PREUVE: Une propriété P est intrinsèque selon (2) ssi elle ne distingue pas des duplicata, c'est-à-dire ssi ∀x, y (Dupl(x,y) → (PxPy)). Cela veut dire qu'elle est intrinsèque pour tous les particuliers. Parce que la duplication est symétrique, ∀ x, y (Dupl(x,y) → (PxPy)) est équivalent à ∀ x, y (Dupl(x,y) → (PxPy)). Si nous permutons les antécédents (p → (qr) |- q → (pr)), nous obtenons ∀ x, y (Px → (Dupl(x,y) → Py)), ce qui veut dire que P est intrinsèque pour tous les particuliers qui l'exemplifient (cf. Humberstone 1996: 228). Weatherson (2002) donne être carré ou tel que le nombre 21 n'existe pas comme contre-exemple contre la direction 'intrinsèque pour toutes ses exemplifications intrinsèque', mais utilise une notion hyper-intensionelle de propriété et une autre définition que (2) (puisque cette propriété serait également intrinsèque dans le sens de déf. (2)).
(42)
Pour classifier être la seule chose ronde comme extrinsèque, par exemple, ils doivent dire qu'être accompagné par quelque chose de rond si on est rond est "beaucoup moins naturel" qu'être accompagné par quelque chose de rond et être rond lui-même, ce qui semble "inconfortable" à Yablo (1999: 481). Pour classifier être tel qu'il y a un cube comme intrinsèque (pour les cubes), ils doivent dire qu'être accompagné par un cube est moins naturel qu'être tel qu'il y a un cube: "...it seems to us (1) that being accompanied by a cube is less natural than being a cube, and (2) that being either a cube or accompanied by a cube is less natural still by a disjunction." (Lewis et Langton 2001: 354).
(43)
Cf. Met. N 1088a22. Ross traduit cette phrase par "the relative is least of all things a real thing or substance, and is posterior to quality and quantity" (Aristotle 1924: 1719).
(44)
Nous appelons une relation R "symétrique" ssi. aRb ↔ bRa; "anti-symétrique" ssi. aRb ↔ ¬bRa; "asymétrique" ou "non symétrique" ssi. elle n'est pas symétrique (¬(aRb ↔ bRa)). Heureusement que l'amour n'est pas anti-symétrique!
(45)
La converse R d'une relation R est définie comme la relation qui obtient entre a et b (entre a et b dans ce premier ordre, c'est-à-dire dans l'ordre où nous venons de les dire) ssi. R obtient entre b et a (entre b et a dans ce dernier ordre). Il s'ensuit de cette définition que deux choses se trouvent dans la converse de la converse de R ssi. ils se trouvent dans R. Faut-il alors identifier une relation avec la converse de sa converse (Williamson 1985)?
(46)
Cf. Fine (2000) et Dorr (2004) sur ce problème fascinant.
(47)
Cf. Armstrong (1978a: 94), (1989a: 40), (1997: 85) et (2004a: 147) pour des réponses négatives, MacBride(2005) pour une réponse positive.
(48)
Comme chaque relation à n place détermine n propriétés relationnelles, la variante la plus simple du monadisme essaie de réduire la relation à une conjonction de ces propriétés relationnelles. "Sam aime Maria" devient alors "Sam a la propriété d'aimer Maria et Maria a la propriété d'être aimé par Sam". Un moniste, par contre, analyserait cette phrase comme "Le couple de Sam et Maria est un couple d'amoureux, où la direction d'amour est de l'homme à la femme".
(49)
"Dans aRb, le trait de a qui fonde la relation ne [peut le faire] qu'en présence d'un trait approprié correspondant en b. Ainsi le fait que F1 soit fondé dans la relation de a avec b, ne crée aucune distance particulière envers le fait de montrer qu'il doit aussi fonder la relation de a avec c." (Campbell 2004: 362) ("ne crée aucune distance particulière envers le fait de montrer" est probablement une traduction de "does nothing to show that").
(50)
Cf.: "...it is one of the few unequivocal metaphysical lessons of modern logic that relations are indispensable to an account of the world. It's all very well to fantasize them as a "supervenient" free lunch; but save for ontological anorectics, the consequent inanition holds little charm, least of all in desert landscapes." (Bacon(1995), 37)
(51)
La critique que Russell a porté contre la tradition peut donc apparaître injustifiée: "...les philosophes scolastiques dans leur ensemble - y compris Guillaume d'Ockham - ne contestent nullement l'existence de faits relationnels objectifs, ou encore (...) leurs désaccords ne portent pas sur l'existence de propositions relationnelles (objectivement) vraies, mais seulement sur la nature exacte de leurs "vérifacteurs" (truth-makers)." (Clementz 2004: 500)
(52)
"If symmetrical relations are property-like then they ought to be properties not of mereological sums but of the several objects related. If Venus is n million Km from Mars, this is a fact about the two objects, not about their mereological sum, which is always 0 Km from itself." (Simons 2005: 257)
(53)
"...il y a un sens [dans] lequel les vérités relationnelles sont moins déterminées que les vérités monadiques. Une conséquence de l'instanciation multiple et indéfinie de certaines relations est qu'une proposition relationnelle laisse des alternatives ouvertes que la prédication monadique, pour sa part, ferme. La prédication monadique [affirme] l'existence [du fondement] capable de spécifier l'instanciation dans chaque cas donné, tandis que la prédication relationnelle ne le fait pas. C'est parce que les propositions relationnelles demeurent[,] dans ce sens[,] indéterminées[...] qu'il n'y a pas de test mécanique pour en donner le théorème." (Campbell 2004: 361)
(54)
Est-ce que je peux être plus petit qu'une licorne, même s'il n'existe pas de licornes?
(55)
Les nominalistes ont pris "un âne" dans "je te dois un âne" (sans qu'il y ait un âne qui est tel que je te le dois) pour une expression qui a une référence "indéterminée" (Henry 1991).
(56)
C'est la position qu'il appelle "positionnalisme" et qui est défendue par Williamson (1985: 260): "argument places in different relations can be associated only in terms of the content of the relations (...) To understand 'Rxy' and 'Sxy' separately one needs to know, not just which relations they stand for, but which of the latter's argument places 'x' is associated with and which 'y'..."
(57)
Sauf les instances problématiques telles que "Cette phrase n'est pas vraie" qui donnent naissance aux 'paradoxes sémantiques' (cf. sct. 4.1).
(58)
Je suis l'interprétation de Vlastos (1954) qu'il a lui même abandonnée plus tard (Vlastos 1973).
(59)
Pour l'exemple de Waismann et pour la suite, je me base sur Nolan (2001: 525-526).
(60)
Cf. Vallicella (2002) pour l'histoire de la régression de Bradley.
(61)
"But in general at least and perhaps in every case, the fact that an object instantiates a certain property does not flow from the nature of the object and the nature of the universal that are involved." (Armstrong(1989b: 109) Armstrong (1997: 101) dit que la "connection between things and their properties" est externe.
(62)
Cf. ce que dit Hochberg (1999: 193) sur la régression de vérité: "The subsequent facts in the chain are not involved in the specification of the truth conditions for the initial statements, which is what would make the chain a vicious regress."
(63)
Ce que Simons (2004: 269) trouve "assez invraisemblable, et de surcroît contraire à la notion de ce qu'est une partie".
(64)
Davidson dit explicitement que son but est d'assimiler les modifications adverbiales aux modifications adjectives: "Adverbial modification is thus seen to be logically on a par with adjectival modification: what adverbial clauses modify is not verbs, but the events that certain verbs introduce." (Davidson 1969: 167)
(65)
"Maria poignarda Sam violemment avec un couteau" ne doit pas être une conséquence logique de "Maria poignarda Sam violemment et Maria poignarda Sam avec un couteau", parce que la dernière phrase pourrait être vraie dans une situation où Maria poignarde Sam violemment avec une fourchette et doucement avec un couteau.
(66)
En parlant de 'contre-exemples apparents', je présuppose que nous sommes premièrement enclins à préserver l'identité du bronze et de la statue contre un argument qui utilise (LL). La thèse 'identiste' me paraît encore plus plausible dans le cas modal que dans le cas temporel: comment une simple différence dans le comportement contre-factuel pourrait affecter ce qui existe en actualité?
(67)
Ce point, habituellement attribué à Fine (1994), se trouve déjà chez Dunn (1990b: 14).
(68)
Toute vérité nécessaire peut être déduite de toute phrase: si "q" est une tautologie, "p → q" en est également une, peu importe "p".
(69)
Pour une théorie plausible de ces essences 'génériques' cf. Correia (2006).
(70)
D'autres caractérisent la relation de dépendance ontologique de a par rapport à b comme l'existence d'une relation asymétrique entre les deux.
(71)
"Si nous disons: "Humphrey aurait pu gagner les élections (s'il avait fait ceci et cela)", nous ne parlons pas de quelque chose qui aurait pu arriver à Humphrey mais à quelqu'un d'autre, une "réplique". Il est toutefois probable qu'aux yeux de Humphrey le fait que quelqu'un d'autre aurait été victorieux dans un autre monde possible ne présente strictement aucun intérêt, quelle que que soit la ressemblance entre cet autre et lui." (Kripke 1982: 33, n. 13)
(72)
"En ce qui concerne cette table, nous pouvons ne pas savoir de quel bloc de bois elle provient. Mais cette table aurait-elle pu être fabriquée à partir d'un bloc de bois complètement différent ou même à partir d'eau prélevée dans la Tamise, puis glacée et durcie? Nous pourrions très bien découvrir que, contrairement à ce que nous pensons maintenant, cette table est en réalité faite de glace obtenue à partir de l'eau de ce fleuve. Mais supposons que ce ne soit pas le cas. Alors, bien qu'on puisse imaginer qu'une table faite à partir d'un autre bloc de bois ou même de glace soit identique en apparence à la première et soit placée dans la pièce exactement au même endroit que la première, il ne me semble pas que cela reviendrait à imaginer cette table faite de bois ou de glace, mais à imaginer une table qui lui ressemblerait dans tous les détails extérieurs, tout en étant faite à partir d'un autre bloc de bois ou même de glace." (Kripke 1982: 102-103)
(73)
"Soit "B" le nom (le désignateur rigide) d'une table, "A" le nom de la pièce de bois d'où elle provient. Soit "C" le nom d'une autre pièce de bois. Supposons que B ait été fabriquée à partir de A, comme dans le monde réel, mais que simultanément une autre table D ait été fabriquée à partir de C (Nous supposons qu'il n'y a aucune relation entre A et C telle que la possibilité de fabriquer l'une des tables dépende de la possibilité de fabriquer l'autre.). Dans cette situation, B |= D; et, par conséquent, même si seule D avait été fabriquée et si aucune table n'avait été fabriquée à partir de A, D ne serait tout de même pas B." (Kripke 1982: 103, n. 56)
(74)
Il a depuis abandonné la condition de non-réductibilité (Kim 1993a: 165, n. 5).
(75)
Cf.: "We have geometry: a system of external relations of spatiotemporal distance between points. ...And at the points we have local qualities: perfectly natural intrinsic properties which need nothing bigger than a point at which to be instantiated. ...All else supervenes on that." (Lewis 1986b: 3-4)
(76)
Nous devons présupposer que l'ensemble B est 'fermé' sous la négation et la conjonction infinie de propriétés. Un ensemble est 'fermé sous' une opération si tout ce qu'on peut obtenir en appliquant cette opération à des membres de cet ensemble appartient lui-même à l'ensemble. Dans notre exemple, cela veut dire: (i) si P1, ..., Pn, ...∈ B, alors ¬PiB (pour tout i) et (ii) si P1, ..., Pn, ...∈ B, alors leur conjonction (infinie) est également dans B.
(77)
Par contre, une implication nécessaire ne garantit pas que nous sommes, même en principe, capables de définir les propriétés survenantes en termes des propriétés sous-venantes: "The necessary naturalistic coextension of goodness {...} has no such epistemological status {i.e. we do not "see" or "infer" that a thing is good by seeing that it has these natural properties (the scare quotes are Kim's)}: we know it must exist, if strong supervenience obtains, but may never know "what it is." Nor can such a coextension be expected to provide a definitional basis for the term "good"; in fact, its existence does not suffice even to show the "in principle" definability of "good" in naturalistic terms. For the notion of definition carries certain semantic and epistemological associations, and even if we could identify the underlying naturalistic coextension of goodness we cannot expect these associations to hold for it." (Kim(1984: 75)
(78)
Kim (1984: 69) avançait qu'ils étaient équivalents, mais Kim (1987: 82) a renoncé à cette thèse.
(79)
Pour avoir une réduction, nous devons pouvoir déduire le comportement de ce qui est 'réduit' (les propriétés survenantes) de la théorie réduisante (qui décrit le comportement des propriétés sous-venantes). Pour cette déduction, nous avons besoin de lois et des propriétés qui supportent des contre-factuels assez 'robustes' pour figurer dans ces lois.
(80)
"if it can be proved a priori that a thing falls under a certain universal, then there is no such universal" (Armstrong 1978a: 11)
(81)
Cette position semble particulièrement problématique si elle nous oblige à dire que "Sam l'a fait intentionnellement" n'implique pas "Sam l'a fait" (Davidson 1985: 297). Je ne vois pas comment Davidson peut se déclarer réaliste par rapport aux évènements mentaux si, d'après lui, "x est un évènement mental" n'implique pas "x est un évènement".
(82)
Il est assez difficile de dire quelles propriétés sont normales. Il est cependant certain que "x n'est pas un objet-en-tant-que" n'en est pas une.
(83)
Toutefois, il l'utilise aussi pour résoudre d'autres problèmes: "Is (the thing that survives squashing) a counterpart of Lumpl/Goliath? Yes and no. It is a counterpart under the counterpart relation that is called to mind when we describe Lumpl/Goliath as a lump, but not under the different counterpart relation that is called to mind when we describe the very same thing as a statue." (Lewis 2003: 28)
(84)
Fine dit que le "qua object should be regarded as some sort of amalgam of the given object and the property..." (Fine 1982: 100)
(85)
Lewis (1971: 53) dit que c'est le sens du terme singulier utilisé qui détermine la relation de contrepartie appropriée, tandis que Lewis (2003: 28) ne parle que de noms 'évoquant' des relations de contrepartie.
(86)
Lewis (1983d), 40-42 appelle ces vers de manière un peu trompeuse des 'continuants modaux', bien que Varzi les appelle, un peu plus adéquatement, des 'occurrents modaux'.
(87)
Cela explique pourquoi nous hésitons à attribuer des valeurs de vérité à des phrases comme "J'ai existé 15 jours après que ma mère m'a conçu" et "Pavarotti aurait pu être une ballerine".
 
© 2007 Philipp Keller, Département de Philosophie, Université de Genève
Veuillez citer l'auteur si vous utilisez ce cours.
("Philipp Keller 2007, "Introduction à la métaphysique", cours virtuel á l'Université de Genève")
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